Streaming et podcast : deux mots qu’on associe souvent, mais qui ne recouvrent pas la même réalité. Alors, quelle différence entre les deux ? Comprendre ce qui change, c’est aussi mieux saisir nos manières d’écouter aujourd’hui.
Le streaming, qu'est-ce que c'est ?
Le streaming, c’est l’écoute en flux continu. Le fichier audio ou vidéo est lu au fur et à mesure qu’il se charge, sans être téléchargé en entier sur l’appareil. C’est la logique des plateformes de musique en ligne, des web radios, ou de YouTube.
Cela recouvre à la fois l’écoute à la carte — quand on lance un morceau ou un épisode dans un player, qui charge le son progressivement pour que la lecture soit fluide — et l’écoute en direct, quand on se branche sur le flux continu d’une radio, grande ou petite.
L’avantage : la fluidité, pas besoin d’attendre ni de stocker. La limite : il faut une connexion internet stable, et cela consomme beaucoup de données à chaque écoute.
Le podcast, qu’est-ce que c’est ?
Le podcast est avant tout une manière de publier et de diffuser. Techniquement, il repose sur un flux RSS qui permet à un créateur de mettre à disposition ses fichiers audio. Ces fichiers sont hébergés chez un hébergeur (Ausha, Podcastics, etc.) et peuvent être écoutés via n’importe quelle application compatible : Apple Podcasts, Podcast Addict, Overcast, etc. (Et bientôt Elson !)
Le grand avantage du RSS : c’est un standard ouvert. Les créateur·ice de podcasts gardent la maîtrise de leur flux, des fichiers, et décident de leur diffusion. Le podcast, c’est aussi la possibilité de télécharger les épisodes, pour les écouter hors ligne, quand et où l’on veut.
Du téléchargement au streaming
Historiquement, le podcast a d’abord été pensé pour le téléchargement. Dans les années 2000, quand iTunes a popularisé le format en agrégeant les flux RSS, l’usage reposait sur l’iPod et les baladeurs numériques. Les forfaits de data mobile coûtaient cher et les connexions n’étaient pas toujours stables : télécharger ses épisodes à l’avance permettait d’écouter partout, sans coupure.
À l’époque, il n’existait pas d’hébergeurs spécialisés comme aujourd’hui. A l’image des premiers créateurs et créatrices, Carine Fillot (fondatrice d’Elson), s’est lancé dans le podcast en 2006 en générant les flux RSS des podcasts de sa radio associative Kill The FM. Les fichiers étaient hébergés directement sur leur serveur à travers un plugin installé sur le gestionnaire de contenus du site (Spip puis WordPress). Une solution toujours possible aujourd’hui pour qui aime l’auto-hébergement. Pour qui veut auto-héberger ses podcasts, la solution française et open source Castopod est une option.
Peu à peu, les hébergeurs se sont développés et professionnalisés. Ils ne fournissent plus seulement un flux RSS, mais aussi des players intégrables sur un site, et même de véritables mini-sites dédiés aux podcasts. Résultat : on écoute de plus en plus de podcasts en streaming, directement sur une page web ou via le player d’un hébergeur, sans passer par le téléchargement.
Là où ça se croise : le podcast en streaming
c’est là que la frontière se brouille. Car oui, un podcast peut s’écouter en streaming. Quand vous cliquez sur « play » dans une application de podcast, le fichier est lu à distance, sans téléchargement complet préalable : c’est du streaming. La différence, c’est que le fichier reste hébergé chez le créateur, via son hébergeur, et circule grâce au flux RSS.
Autrement dit, il y a deux « types » de streaming :
• le streaming fermé, celui des plateformes de musique (Spotify, Deezer, etc.), où le catalogue est centralisé et contrôlé par l’application ;
• le streaming ouvert, celui des podcasts diffusés par RSS, où chaque créateur garde le contrôle de ses fichiers, de sa diffusion, et parfois de la publicité insérée.
Cette distinction explique certaines surprises : on peut, par exemple, tomber sur de la publicité en écoutant un podcast sur une plateforme musicale, même en étant abonné·e à l’offre premium. Pourquoi ? Parce que la pub n’est pas décidée par la plateforme, mais par le créateur via son flux.
Historiquement, certaines plateformes ont même tenté de mettre en cache les fichiers pour en faciliter la diffusion, brouillant un peu plus la frontière entre hébergeur et diffuseur. Mais le principe reste : le RSS garantit que le créateur garde la main.
Ce que ça change pour l’auditeur et pour le créateur
Pour l’auditeur, le streaming a rendu l’accès plus simple et immédiat : un clic suffit, pas besoin de penser à télécharger. Mais cela suppose une bonne connexion et consomme plus de données – ce qui, pour des contenus longs comme les podcasts, pèse aussi sur la facture et sur l’environnement. Télécharger reste une option plus sobre et plus sûre, notamment pour la mobilité et l’écoute hors-ligne.
Pour le créateur, la différence est essentielle : un podcast diffusé via RSS reste dans un système ouvert, interopérable, où il contrôle ses fichiers et sa diffusion. Un podcast diffusé uniquement en streaming fermé (exclusif à une plateforme) se retrouve dépendant des conditions de cette plateforme.
Comprendre pour mieux écouter et créer
Streaming et podcast : deux logiques proches à l’oreille, mais très différentes dans leurs fondements. Comprendre cette nuance, c’est aussi mieux saisir l’écosystème audio d’aujourd’hui et choisir ses usages en connaissance de cause.
Pour aller plus loin :
• C’est quoi exactement un podcast ?
• Histoire de Radio en France, de la Fm au podcast